Définition et mécanisme anatomique

C’est un syndrome de surmenage osseux lié aux microtraumatismes répétés causés par la pratique sportive, siégeant le plus souvent le long du tibia sur sa partie interne, au niveau de la « crête tibiale ».

Périostite tibiale -Définition

Le périoste (qui signifie « autour de l’os ») est une membrane qui recouvre l’os et sur laquelle s’attachent plusieurs muscles de la jambe :

  • le muscle soléaire (ou « soleus ») muscle profond du mollet,
  • le muscle tibial posterieur
  • et les muscles Long Fléchisseur du gros orteil (hallux) et long fléchisseur des orteilsPériostite tibiale -Schéma périoste

Cette membrane est divisée en 2 couches, l’une est profonde et l’autre superficielle.

Périostite_Schema5Lors de la foulée, 2 phénomènes vont être en cause :

  1. l’onde de choc du pied sur le sol qui se répercute le long du tibia et provoque une inflammation de son périoste, avec un « œdème » (gonflement)
  2. les tractions répétées des muscles cités plus haut, mis en tension lorsque la plante du pied est dirigée vers le bas, qui vont entraîner des phénomènes de dissociation entre les deux couches du périoste, avec un gonflement et une inflammation.
  • Périostite tibiale - genu varumSports à risque : athlétisme (piste ++), course hors stade, football, gymnastique
  • Morphologie : le « genu varum » (jambes « arquées ») entrainant une torsion tibiale importante qui va augmenter les tractions musculaires.
  • Le chaussage défaillant : chaussures usées, correction pronatrice ou supinatrice inadaptée, mauvaise qualité, …
  • Les facteurs habituels en cause dans les blessures des sportifs : défaut d’hydratation, alimentation inadaptée, acidose, défaut de récupération…

Il s’agit essentiellement d’une douleur ressentie lors de la pratique sportive, sur la face interne d’un ou des deux tibias, sur une longueur de 3 à 10 cm en général, et plutôt sur le 1/3 inférieur.
Périostite tibiale - symptômes Périostite tibiale - symptômes

Caractéristiques habituelles de cette douleur :

  • Apparition progressive
  • Présente pendant l’effort et pouvant durer plusieurs heures après, voire douleur à la marche constante si la pathologie est très marquée
  • Uniquement déclenchée par la course, jamais en vélo ou natation par exemple
  • Siégeant le plus souvent des deux côtés, droit et gauche.
  • Reproduite par la palpation sur la zone intéressée
  • Non soulagée par les antalgiques ou anti inflammatoires en comprimés
  • Récidivante dès la reprise des activités physiques, même après une longue période de repos de plusieurs semaines voire de plusieurs mois.

Si vous présentez tous ces symptômes, vous souffrez certainement d’une périostite tibiale. Mais il faut consulter votre médecin pour en avoir la certitude, car d’autres diagnostics sont possibles devant des douleurs de la jambe.

La fracture de fatigue

Il est capital d’y penser et surtout de l’éliminer, car les symptômes peuvent être similaires. Toutefois, certaines caractéristiques vont plutôt nous faire penser à une fracture de fatigue :

  • Début brutal (sensation de pointe, de clou, de décharge électrique, ressentie en courant)
  • Siège le plus souvent d’un seul côté
  • Point douloureux plus petit en surface, pas plus de 3 cm en général

L’examen clinique par le médecin et les examens complémentaires permettront de faire le diagnostic en cas de doute. ( cf chapitre « examens complémentaires » ci-après)
Si la fracture est avérée, le traitement consistera uniquement en un repos sportif, d’une durée de 3 mois en général.

Périostite_Photo8Le syndrome de loge

Il s’agit d’une compression des muscles à l’effort, liée à un défaut d’extensibilité de l’ »aponévrose », sorte de « film cellophane » qui recouvre les muscles.
Lors de l’effort, les muscles se gorgent de sang et gonflent. Si l’aponévrose ne suit pas, la pression monte, le muscle est comprimé, mais aussi les vaisseaux et les nerfs qui l’accompagnent. Il en résulte une douleur vive, avec une sensation de compression, qui oblige le sportif à stopper son activité.

Toutefois, les caractéristiques sont assez différentes de la périoste :

  • Apparition progressive, toujours au même moment après le début de la course (15-20 minutes)
  • Oblige le sportif à s’arrêter quelques minutes, puis peut repartir sans douleur pendant 10 minutes, puis à nouveau douloureux, etc.
  • Siège sur la partie externe de la jambe ++++ ( et non interne comme pour la périostite) ou dans le mollet.
  • Aucune douleur après l’effort
  • Apparition de petites hernies musculaires (boules de quelques cm sous la peau) en même temps que la douleur, qui disparaissent dès l’arrêt de l’effort ++ (elles témoignent de l’augmentation de pression très importante qui oblige le muscle à sortir de sa gaine par les petits orifices de celle-ci).

Si le médecin suspecte un syndrome de loge, il vous prescrira un test spécifique, en milieu hospitalier, (dans les services de médecine du sport): « un enregistrement des pressions intramusculaires ».

Le principe est d’enregistrer la pression dans le muscle au repos, puis à l’effort.

L’augmentation anormale de cette pression confirme le diagnostic, et le SEUL traitement efficace sera chirurgical : une ouverture des aponévroses, qui permettra la guérison et la reprise du sport, environ 4 mois après l’intervention.

L’insuffisance veineuse d’effort

À l’effort, les veines ne jouent pas toujours suffisamment leur rôle de remontée sanguine vers le cœur, le sang a donc tendance à stagner un peu dans les mollets, ce qui peut occasionner des douleurs.

La localisation est souvent plus en arrière, dans les mollets, et la douleur est assez irrégulière, en fonction des jours, de l’heure, de la durée.

Elle peut parfois « imiter » une douleur musculaire, de type contracture.
Il est donc assez rare de la confondre avec une périostite, mais quand la douleur siège assez près de l’os, on peut parfois s’y tromper.

Le port de manchons ou de chaussettes de contention d’effort est souvent la solution pour ne plus en souffrir. De même, les chaussettes de récupération post effort, ainsi qu’une bonne hydratation avant, pendant et après l’effort constituent un bon moyen de lutter contre ces troubles veineux.

Le diagnostic est avant tout « clinique » : votre médecin du sport  (voire vous-même grâce aux infos fournies ici 😉 ) saura confirmer une périostite en vous interrogeant et en vous examinant.
Les examens complémentaires seront prescrits seulement si l’on suspecte plutôt une fracture de fatigue.

Seules seront utiles :

  • la scintigraphie osseuse
Périostite tibiale
fracture de fatigue sur une scintigraphie
  • l’IRM
périostite tibiale - IRM
fracture de fatigue sur une IRM

La radio est inutile, la prise de sang également.

Pour soigner une périostite, il faudra à la fois traiter l’inflammation mais aussi faire en sorte qu’elle ne récidive pas à la reprise sportive.

Voici pour moi le meilleur traitement :

  • repos sportif relatif tant que la douleur est présente (remplacer la course ou le football par des sports comme le velo ou la natation, « tout ce qui ne fait pas mal est autorisé »).

Une périostite trainante et négligée par le sportif peut avoir une conséquence beaucoup plus fâcheuse : la fracture de fatigue !

  • périostite tibiale - mésothérapiela mésothérapie +++ : les injections locales d’un mélange contenant un anti-inflammatoire, un drainant (pour l’œdème) et de la calcitonine (pour l’os) sera idéal et complet. 3 séances à 8-10 jours d’intervalle suffisent en général.
  • la correction des appuis : bilan podologique et semelles +++ avec un podologue du sport. Le but est de corriger la posture et la morphologie en cause dans la pathologie. Le podologue saura également vous conseiller le type de chaussage adapté à votre morphologie et votre pratique.
  • la kinésithérapie avec cryothérapie, ondes de choc et pose de bandes « K Tape® » à visée drainante
  • le port d’un « support périostite tibiale SS1 », de la marque Zamst®, semble assez efficace contre la douleur, mais ne permet pas de traiter la cause.
  • la correction habituelle : hydratation, alimentation, récupération, équilibre acido-basique.

Encore très prescrits par beaucoup de médecins, les gels et pommades anti-inflammatoires ainsi que les anti-inflammatoires en comprimés sont pourtant totalement inefficaces donc inutiles !!

Par un chaussage adapté (il faut parfois essayer plusieurs marques et modèles avant de trouver ce qui nous convient vraiment), et demander une semelle de type « universelle » ++, quel que soit son type de foulée, pronatrice ou supinatrice.

Changer de chaussures de running ou de trail après 900 km d’utilisation.

Tenter de modifier sa foulée en la rendant plus « aérienne » ( avant pied plus que talon au sol) mais très compliqué à accomplir sans se blesser ailleurs (mollet et tendon d’achille notamment) quand on a une foulée déjà « installée » depuis de nombreuses années.

Varier les terrains (préférer le chemin au bitume++)

« Éviter » la piste  : si vous êtes coureur « hors stade », effectuez de préférence vos séances de fractionné sur des terrains souples, de type herbe synthétique ou stabilisé.

« s’adapter » à la piste : si vous êtes athlète sur piste, tâchez de changer de sens de rotation régulièrement, afin de faire varier l’inclinaison du corps et des tibias et prévenir la sur-sollicitation du même côté.

En conclusion

La périostite tibiale :

  • est assez facile à diagnostiquer pour un médecin du sport,
  • peut être soignée efficacement grâce au duo MÉSOTHÉRAPIE-SEMELLES,
  • ne nécessite pas forcément un arrêt prolongé si elle est traitée rapidement 
  • doit être prise en charge efficacement (traiter la cause !) afin d’éviter la fracture de fatigue