PARTIE 1 :

LA PRATIQUE SPORTIVE
DES JEUNES

 

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PARTIE 2 :

LES BLESSURES
LES PLUS FRÉQUENTES

 

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PARTIE 3 :

LES GRANDES RÈGLES
DE PRÉVENTION

 

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Remarque : afin de simplifier le propos, nous parlerons d’ «adolenfant» pour évoquer la période 8-16 ans, incluant la fin de l’enfance et l’adolescence.

Les bases physiologiques

Les filières énergétiques

Chez l’adulte, il existe deux filières énergétiques essentielles, permettant l’activité physique :

  • La filière AEROBIE, source principale d’énergie pour les sports dits d’endurance comme la course à pied, la marche, le cyclisme, la natation, qui utilisent la respiration pour apporter de l’énergie aux muscles ;
  • La filière ANAEROBIE, par laquelle le muscle va directement puiser l’énergie dans ses réserves, en utilisant ses ressources en «glycogène», et qui sera essentielle dans les sports dits «explosifs», comme le tennis, le squash , le judo, le sprint, etc.

Chez l’enfant, la filière aérobie est prioritaire et plus importante que chez l’adulte : il est donc très à l’aise dans un exercice d’endurance.
La VO2 Max (consommation maximale d’oxygène), témoin de la qualité de cette filière, progresse au fur et à mesure de la croissance pendant la puberté, en parallèle avec le développement de la masse musculaire. Cependant, l’élimination de la chaleur corporelle par la sudation étant moins performante que chez l’adulte, l’enfant pré-pubère n’est pas physiologiquement apte à des efforts de très longue durée, et risque l’hyperthermie, c’est-à-dire l’augmentation anormale de la chaleur corporelle. Il risque en outre des lésions ostéo-articulaires (à suivre dans l’épisode 2).

La plus faible capacité « anaérobie » de l’enfant peut entraîner de moins bonnes performances dans les sports de vitesse notamment, mais l’enfant est très réceptif à un entrainement régulier et augmente ses performances plus rapidement que l’adulte.

Il en est de même pour la vitesse «gestuelle» : sa capacité à améliorer la vitesse d’exécution d’un geste technique, sa vélocité, sa précision, est meilleure que chez l’adulte.

Quelques disparités fille-garçon 

La pratique sportive des jeunesLa force musculaire ramenée au kg de masse maigre (c’est-à-dire n’incluant pas la masse grasse) :

  • Avant 10 ans et après 15 ans : est identique chez les garçons et les filles
  • Entre 10 et 12 ans : l’accroissement de force est plus important chez les filles
  • Entre 12 et 15 ans : le potentiel de force musculaire augmente chez les garçons pendant la poussée pubertaire (grâce à la sécrétion d’hormones telles que la testostérone qui va influencer favorablement la contractilité des fibres musculaires) alors que la sécrétion des oestrogènes, hormones féminines, va au contraire ralentir l’accroissement de la force et augmenter la masse grasse chez les filles.

La puissance maximale qui sollicite essentiellement la filière «anaérobie» est identique pour les filles et les garçons avant l’âge de 12 ans. En revanche, elle augmente régulièrement chez le garçon jusqu’à 20 ans, mais stagne chez les filles à partir de 14 ans.

La souplesse :

  • Avant la puberté, il n’y pas de différence significative entre les deux sexes.
  • Lors de la poussée pubertaire, les filles sont plus souples que les garçons pour 2 raisons essentielles :
  1. L’hyperlaxité ligamentaire féminine (les ligaments sont des bandes de tissu épais qui relient les os entre eux dans une articulation) , qui entraine une plus grande amplitude de mobilité des articulations
  2. La sécrétion des hormones féminines (oestrogènes), qui démarre à la puberté, provoque une rétention d’eau. Cette rétention conduirait à une plus faible densité du tissu «conjonctif», constituant principal des ligaments et des muscles, et donc une souplesse accrue.

Les contraintes de la pratique sportive sur les articulations

  • Pour un adulte, l’impact au sol lors d’une course à pied représente 4 fois le poids du corps en moyenne, et de 2,5 à 3 fois pour un adolenfant, voire plus quand il augmente sa vitesse de course (un enfant de 40 kgs subira donc une charge de 120 kgs sur ses articulations à chaque impact au sol !)
  • Ces valeurs peuvent augmenter jusqu’à 6 fois le poids du corps lors des appels de sauts, et jusqu’à 5 fois lors des réceptions au sol après un saut de 2m, d’une barre fixe de gymnastique par exemple.

Néanmoins, si ces chiffres peuvent alerter, il faut tout de même savoir que la pratique sportive régulière représente un stimulus intéressant pour le cartilage tant pour son entretien que pour sa protection.

La thermorégulation

Le rapport surface cutanée / poids corporel de l’enfant est plus élevé que chez l’adulte. L’enfant est donc plus sensible lors de la pratique du sport en ambiance chaude = les risques de déshydratation, d’insolation, de coups de chaleur sont plus importants.

Stop aux idées reçues !

  • Les sports «asymétriques» (tennis, badminton, golf ..) ne sont pas nocifs pour la colonne vertébrale !
  • idées reçues-pratique sportive des jeunes
    Rachis normal – scoliose (à dr.)

    Une scoliose, si elle n’est pas douloureuse, n’est pas une contre-indication à la pratique sportive, quelle qu’elle soit !

  • Le sport à « haute dose » n’empêche pas de grandir et n’influence pas négativement la taille adulte.
    On observe simplement, dans certains sports intensifs et sollicitants comme la gymnastique, un ralentissement de la courbe de croissance entre 13 et 15 ans, qui sera en règle générale rattrapée ensuite. La taille adulte « cible » sera atteinte plus tard, mais ne sera pas modifiée
  • La musculation n’est pas interdite avant la fin de la puberté ! On entend trop souvent dire que l’adolenfant tant qu’il n’a pas terminé sa croissance, ne doit pas soulever de charges et doit plutôt travailler avec « son propre poids », comme faire des tractions ou des pompes par exemple… il suffit de se dire qu’un ado de 12 ans pèse en moyenne 35-40 kgs pour comprendre que soulever son poids par des tractions ou des pompes sera beaucoup plus dangereux que de soulever des haltères de 2 kgs..

En pratique, il faut :

Avant la poussée pubertaire : favoriser le port de charges légères, de manière répétitive sur des petites séries de 15 par exemple, en sollicitant aussi bien les muscles des membres supérieurs et des membres inferieurs dans un but bien précis : acquérir le bon geste !
Cette période de la vie n’est pas faite pour gonfler ses muscles, mais bien pour que la coordination soit parfaite : l’entraînement musculaire doit se faire par augmentation du nombre des exercices et non pas par accroissement des charges.

 

 => entrainement = augmentation de la force du muscle, sans augmentation de son volume

Après la poussée pubertaire (apparition des poils, modification de la voix..) : l’augmentation des charges pourra se faire, car le muscle tirera le bénéfice non seulement de l’imprégnation hormonale pour son augmentation de volume, mais aussi de l’acquisition du bon geste pendant la phase pré-pubère pour éviter la blessure, CQFD !

 => entrainement = augmentation de la force ET du volume musculaire

  • Oui, les enfants doivent s’étirer!

Certes, cette période de l’âge, est propice comme on l’a vu à l’apprentissage du geste sportif, de la vivacité, de la vitesse d’exécution et de la coordination, mais il ne faut pas oublier les étirements ! les muscles sont en effet toujours un peu trop courts, et ont tendance à tracter leur point d’attache sur l’os, ce qui pourra entrainer les lésions des cartilages de croissance (que nous décrirons dans l’épisode II). Selon le principe d’apprentissage des bonnes habitudes, l’étirement doit être pratiqué dès l’âge de 8 ans. Il doit être court (20 à 30 secondes) mais efficace par l’exécution du bon geste.

Quelles sont les contre-indications au sport ?

Cas particuliers :

  • Hémophilie: sports de contacts et de sauts
  • Asthme: plongée sous marine (bouteilles)
  • Epilepsie: plongée sous marine, sports d’eau, sports aériens
  • Malformations cardiaques graves: contre-indication souvent absolue à toute pratique sportive
  • Maladies graves de la colonne vertébrale: sports de sauts, gymnastique, sports collectifs..

Finalement, rares sont les maladies qui contre-indiquent formellement la pratique du sport mais nous retrouverons plutôt des pathologies qui devront orienter l’adolenfant vers une activité plutôt qu’une autre.

La découverte d’une maladie rare chez un adolenfant doit impérativement mener à une discussion entre la famille, le médecin traitant ou le médecin du sport et le spécialiste concerné sur les risques encourus à pratiquer un sport.