Les « apophysites » ou atteinte des cartilages de croissance
lors de la croissance, les tendons, les ligaments et les muscles sont plus solides que les cartilages de croissance sur lesquels ils sont fixés :
Autrement dit, quand un adolenfant se plaint d’une douleur à répétition ou très invalidante pour sa pratique sportive, il faut avant toute chose penser à ces problèmes de cartilage de croissance.
Localisations habituelles :
La maladie de «SEVER»
C’est un problème de l’enfant entre 8 et 11 ans essentiellement, touchant aussi bien les filles que les garçons, qui vont présenter une douleur importante sous le talon, pendant ou après le sport, les obligeant très souvent à marcher sur l’avant-pied, voire à boîter.
On peut demander une radio, mais le diagnostic se fait uniquement en examinant l’enfant. Il faut souvent un arrêt de sport assez long (parfois plusieurs mois), et le traitement en plus du repos sportif «relatif» (natation, vélo, aviron seront possibles par exemple, mais on interdira tous les sports de course et de sauts), consiste essentiellement en la confection de semelles orthopédiques par un podologue du sport, à porter d’abord quotidiennement puis lors de la reprise sportive quand celle-ci sera possible.
La maladie d’ « Osgood-Shlatter »
La douleur se situe sur ce que l’on appelle la « TTA » (Tubérosité Tibiale Antérieure), située à la partie supérieure du devant du tibia, sur laquelle vient s’attacher la partie inférieure du tendon rotulien.
Cette maladie est l’apanage des pré-ado et ado, entre 12 et 15 ans surtout. Ils se plaignent d’une douleur sous le genou, souvent pendant le sport mais aussi après, pouvant aller jusqu’à une boiterie. L’appui sur la TTA est très douloureux, et on retrouve souvent une bosse plus ou moins proéminente :
Le traitement consiste très souvent en un arrêt de sport, pouvant aller de 2-3 semaines à 18 mois selon les cas ! Il est malheureusement assez inévitable, car la douleur est trop présente pour permettre la pratique sportive. La mésothérapie est un excellent traitement permettant de nettement diminuer les délais de reprise sportive, car les injections permettent une résorption plus rapide du gonflement et une «solidification» plus rapide de la zone qui souffre.
Si le jeune sportif (ce sont le plus souvent des garçons) joue malgré la douleur (certains y arrivent !!), il s’expose à un risque de décollement beaucoup plus important, qui pourra engendrer à l’âge adulte des souffrances du tendon rotulien à type de «tendinopathies».
Les douleurs de rotule = «syndrome fémoro-patellaire» ou «syndrome rotulien»
Il ne s’agit pas vraiment d’une apophysite de croissance (celle qui concerne la rotule s’appelle la maladie de Sinding-Larsen-Johansson et les symptômes sont quasiment les mêmes), mais ce problème est extrêmement fréquent chez les adolescent(e)s.
Comment le reconnaître ?
Douleur d’un ou des deux genoux, surtout chez une fille, (mais concerne aussi les garçons à moindre échelle), lors de la pratique du sport ou non, essentiellement lors des positions assises prolongées (notamment au cinéma ++), ou à la marche, lors des descentes d’escaliers , des rues en pente, voire en randonnée de montagne lors des descentes.
Ce problème est lié à une mauvaise position de la rotule, qui se trouve tirée vers le haut et l’extérieur par le muscle « Vaste Externe »,un des 4 muscles qui forment le quadriceps, au devant de la cuisse. La rotule vient frotter et comprimer des structures nerveuses et vasculaires en dessous, ce qui va déclencher les douleurs, ressenties en général comme des «décharges électriques», des «coups d’aiguilles», des brûlures, ou une sensation d’étau autour du genou. Le frottement répété du cartilage rotulien peut conduire à un effritement de celui-ci, que l’on appellera «chondropathie rotulienne».
Trop d’adolescentes sont interdites de sport à cause de ce problème, alors qu’au contraire il est souvent lié à une tonicité musculaire trop faible de la partie interne (Muscle Vaste Interne) et de l’arrière de la cuisse (Ischio-jambiers) qui ne permet pas de contre-balancer la tension trop forte exercée par le Vaste Externe.
En dehors des cas de chondropathie rotulienne très sévères (le médecin du sport doit en être juge) Il faut donc en général autoriser la pratique sportive pour « tonifier » les muscles, mais il va falloir étirer le quadriceps tous les jours et après chaque activité physique :
Je propose 3 étirements très efficaces, s’ils sont maintenus pendant 30 secondes et s’ils sont faits TOUS LES JOURS (trouvez un moment calme, l’idéal étant au moment du coucher):
[column col= »1/3″] [/column] [column col= »1/3″] [/column] [column col= »1/3″] [/column]il faut un délai d’environ 2 semaines d’étirements bien réalisés, pour que les effets bénéfiques commencent à se produire, puis les douleurs s’estompent progressivement. Si tel n’est pas le cas, il faut parfois avoir recours à des séances de kinésithérapie, des semelles orthopédiques pour modifier la posture, ou à la mésothérapie, mais encore une fois : la dispense de sport est souvent inutile!!
L’ostéochondrite
Il s’agit d’un problème moins fréquent que les précédents, mais plus grave. Il concerne les garçons et les filles, pratiquant des sports de sauts et de course.
Le jeune se plaint de douleurs récurrentes du genou, plutôt sur la partie intérieure ou extérieure, mais ressentie très « en profondeur », et ces douleurs s’accompagnent très fréquemment d’une boiterie importante à l’effort et après l’effort. Le genou gonfle très souvent.
Le problème se situe au niveau du cartilage, à l’intérieur du genou. Ce cartilage s’effrite, s’amincit, et peut potentiellement s’arracher et « tomber » dans l’articulation du genou, ce que l’on appellera une ostéochondrite «disséquante».
Le diagnostic doit se faire sans trop tarder, par un médecin du sport, qui, devant ces symptômes, prescrira une radio puis une IRM, sur laquelle on pourra objectiver le problème.
Le seul traitement est l’arrêt total de sport, parfois très long, de 3 à 18 mois, mais sans lequel les conséquences peuvent être graves pour la suite, avec une arthrose précoce du genou à l’âge adulte.
Si le diagnostic est trop tardif, l’ostéochondrite peut devenir disséquante (cf schéma ci-dessus), et le traitement devient chirurgical. Le morceau de cartilage ne sera pas remplacé, et les risques de séquelles ne sont pas négligeables.
Les « arrachements » des cartilages de croissance
Il faut savoir que chez l’enfant et ado, les blessures musculaires ou «claquages» sont rarissimes. Lorsqu’un(e) jeune sportif(ve) se plaint d’une douleur aigue, vive, brutale, en regard de l’avant ou l’arrière de la cuisse, il faut avant tout évoquer un arrachement du cartilage de croissance.
Pourquoi ? Lors de la croissance, les tendons et les muscles sont plus solides que les cartilages sur lesquels ils sont fixés. Ainsi, lors d’un mouvement brusque du muscle (accélération, frappe de balle, etc..) il existe une forte traction du complexe tendon-muscle sur le cartilage, qui s’arrache de son point de fixation.
Localisation la plus fréquente : la cuisse (++)
L’arrière de la cuisse : le point d’attache des « ischios-jambiers »
Les ischio-jambiers sont les muscles de l’arrière de la cuisse, fixés sur l’ « ischion », un élément osseux du bassin, situé au milieu de la fesse. Lors d’un effort violent, de type accélération ou lever de la jambe (football, sprint, saut de haies ++..), la traction des muscles ischio-jambiers va provoquer un arrachement du cartilage de l’ischion.
Trop souvent, le diagnostic de claquage ou de déchirure musculaire, voire « élongation » est évoqué, par les parents, l’entraîneur, voire le médecin, et l’arrêt de sport est trop court !!
Il faut consulter un médecin du sport de préférence, qui demandera une radio ou une échographie. Grâce à ces examens, on pourra voir s’il existe ou non un arrachement de l’ischion.
L’arrêt de sport peut aller jusqu’à 3 mois afin d’obtenir une consolidation suffisante, c’est pour cela qu’il ne faut pas passer à côté !!
Le devant de la cuisse : le point d’attache du muscle « Droit Fémoral »(muscle principal du quadriceps) = « l’épine iliaque antéro-inferieure »
Les symptômes et le principe sont les mêmes que pour les ischio-jambiers, mais la douleur est ressentie devant la cuisse, en général sur une frappe de balle, ou lors d’une décélération brutale.
Tout comme pour les ischio-jambiers, il ne faut pas se tromper de diagnostic, et consulter rapidement afin d’obtenir une radio qui fera le diagnostic :
Le délai de reprise de sport est également de 2 à 4 mois, donc, encore une fois : ne pas passer à côté !!
Autres pathologies courantes
Avant toute chose, voici un résumé des « excès de courbure » anormales d’une colonne vertébrale.
Colonne avec courbures normales :
Colonne avec courbures anormales :
Hypercyphose : accentuation de la courbure vers l’avant (sujet « vouté »)
Hyperlordose : accentuation de la courbure vers l’arrière (sujet « cambré »)
Scoliose : déformation de la colonne en « S » ( sujet « désaxé »)
Maladie de Scheuermann
Cette maladie, concernant avant tout les garçons, se manifeste par une hypercyphose dorsale, c’est-à-dire un « haut du dos très vouté ». Cette affection est bénigne, mais mérite d’être surveillée par un médecin du sport.
En général, on la découvre lors d’une consultation, demandée par les parents suite à des plaintes répétées de leur fils, qui souffre du dos pendant le sport, ou tout simplement le jour d’une visite pour certificat médical de non contre-indication à la pratique sportive.
L’attitude typique de l’ado qui présente cette pathologie est le dos rond, et les épaules en avant, chez un individu plutôt grand et longiligne Oui je sais, ils se tiennent quasiment tous comme ça à 14 ans, mais n’ont pas tous une maladie de Scheuermann 😉 !
L’utilisation quasi permanente des smartphones et tablettes par cette génération n’est d’ailleurs pas sans conséquence pour la statique du haut de leur colonne…
Le sport n’est pas contre-indiqué, mais on préfèrera dans les phases douloureuses, qui peuvent aller de 1 à 3 mois, éviter les sports comme le tennis, tennis de table, rugby, volley, handball et privilégier la natation, la course à pied, l’aviron, par exemple.
La rééducation par un kiné est conseillée, afin de travailler sur les muscles fixateurs de l’omoplate, et privilégier «l’ouverture» des épaules, et le sport doit absolument être continué afin de renforcer la musculature du dos et lutter contre l’hypercyphose.
Le spondylolisthésis et la lyse isthmique
Ces termes «barbares» désignent une anomalie qui concerne le bas de la colonne, à savoir le rachis lombaire.
Le spondylolisthésis, qui concerne en grande majorité la 5e vertèbre lombaire (L5) et la première vertèbre du sacrum (S1), correspond à un glissement vers l’avant d’une vertèbre par rapport à celle qui est située juste au-dessous. Ce glissement est souvent lié à une fracture de l’«isthme», partie arrière de la vertèbre qui lui permet de «s’accrocher» à la vertèbre du dessous. Cette fracture, conséquence de contraintes répétées sur le rachis notamment en «hyperlordose» (excès de cambrure) passe souvent inaperçue, et on la découvre en général en faisant une radiographie du rachis lombaire. C’est cette fracture que l’on appelle «lyse» (qui signifie «destruction») isthmique.
La conséquence de cette pathologie est bien entendu la compression de la moelle épinière dans le canal situé en arrière, qui peut conduire d’une part à des douleurs lombaires basses, mais aussi des douleurs de type sciatique», qui irradient tout le long du membre inferieur.
Les sports en cause sont essentiellement ceux qui vont nécessiter des hyperlordoses répétées : la gymnastique ++, la danse, le volley-ball.
Peut-on faire du sport si on souffre de cette anomalie ?
Les «spondylo» étant classés en différents grades (cf. schéma ci-dessous) , la contre-indication au sport dépendra du niveau de ce grade.
Les grades 1 et 2 ne posent pas trop de problème et tous les sports en dehors des sports cités plus haut seront autorisés.
En revanche les grades 3 voire 4, dont le traitement est souvent chirurgical, peuvent être des contre-indications formelles à la pratique sportive . Cette décision sera prise par le médecin du sport ou le médecin traitant, en concertation avec un médecin spécialiste rééducateur fonctionnel ou chirurgien orthopediste infantile dans un CHU.
L’ostéochondrite
Cette pathologie est plus rare et survient le plus souvent chez l’enfant. le sport peut être en cause, mais surtout le surpoids.
Il s’agit d’une «nécrose» de la tête du fémur, c’est-à-dire une «gangrène» liée au fait qu’une artère située en arrière de la tête du fémur se bouche régulièrement et empêche une bonne irrigation de la zone osseuse.
De l’os nouveau va remplacer l’os mort donc la tête va se reconstruire, mais plus ou moins bien.
Les symptômes de cette ostéochondrite vont se manifester par une simple douleur de hanche ou une boiterie. Ces signes sont en général peu importants et fugaces. C’est leur répétition qui amène le plus souvent à consulter. Il faut savoir que souvent la douleur irradie devant la cuisse voire au genou.
Le diagnostic de l’ostéochondrite est affirmé par la radio, voire l’IRM ou le scanner :
Il faudra un arrêt de sport prolongé, 12 à 18 mois, pour éviter un grand risque d’arthrose sévère de hanche à l’âge adulte.
Dans le cadre de cette maladie assez grave, un suivi spécialisé par un chirurgien orthopédiste infantile sera nécessaire, et sera orienté par votre médecin traitant ou médecin du sport.